Chapitre 40 : Le repas des soumis

Elle prit une à une les assiettes se trouvant encore sur la table, bien garnies de nourriture. Elle les approcha tour à tour de sa bouche pour cracher dedans, baver plus exactement serait plus juste. Un fin filet dégoulinait de ses lèvres pour sinuer dans l’assiette, comme un maitre cuisinier y aurait versé une sauce.

Elle les passa ensuite à Ladyscar qui les agrémenta de la même saveur avant de les poser à même le sol. Le triangle des trois assiettes formait comme un visage me narguant.

Qu’allai-je faire ? Je savais ce qu’elles attendaient et me demanderaient. J’avais l’impression que plus nous continuerions ce jeu, et tant que je ne leur résisterai pas, tant que je ne m’opposai pas, cela deviendrait de plus en plus dur. Pourtant j’en voulais plus et s’il fallait passer par ses assiettes, alors j’y passerai. Je savais que m’attendrait d’autres épreuves plus en adéquation avec tous mes travers. Je devais tout goûter, me rappelai-je, alors je goûterai. Si elles pensaient me faire craquer avec uniquement de la salive.

• Nathan ne redescendra pas tout de suite. Mais un grand garçon comme toi peut bien en manger deux, ajouta Maitresse Diane.

• Vous me gênez de privilèges que je ne mérite pas, lui répondis-je, attendant un ordre plus formel, alors que Ben, plus rapide, s’était déjà mis à quatre pattes et mangeait à même la tête dans l’assiette, sans ses mains.

• Tu peux te restaurer, insista-t-elle, tandis que j’attendais un ordre de ma maitresse.

• Merci maitresse, dis-je en m’abaissant et, prenant une position proche de celle de Ben, commençait à m’approcher de la nourriture.

Ce ne pouvait être pire qu’un baiser où nos fluides buccaux se mélangeaient me forçai-je à comparer, tandis que je commençai par les quelques morceaux sur lesquels je ne voyais aucune trace de cette sauce particulière. J’avais léché le sexe d’une femme, de plusieurs. Pourquoi de la salive me gênerait-elle ? m’imprimai-je tandis qu’une voix me susurrait du crachat, pas de la salive.

Sans m’arrêter, je poursuivis et je dévorai la première assiette. La viande était tendre et bien cuisinée. Le fort goût initial d’épices couvrait la salive insipide. En passant entre les deux assiettes, je continuai à activer ma langue en regardant le slip en cuir de notre hôtesse. Mon message était clair. Je lui évoquai les événements passés. Je la vis frissonner. L’écho de sensations s’imposa à elle. J’observai le visage ravi de ma propre maitresse en pensant au mien qui dégoulinait de nourriture.

Pour ceux qui n’ont jamais essayé de manger à même le sol sans les mains, il s’agit d’une pratique assez sportive. Je relevai parfois la tête pour avaler ce que j’avais réussi à introduire dans ma bouche. J’aurai encore un peu de fierté, j’aurai aboyé, montrant mon sarcasme. Mais j’avoue qu’en cet instant, en terminant cette nouvelle épreuve, je décidai de faire profil bas, ou, pour rester dans l’ambiance, de faire le dos rond.

• Tu dois avoir soif maintenant ? me demanda Maitresse Diane.

Je ne savais pas ce qui aller encore arriver, mais son sourire s’appelait vengeance et non compassion.

• Ben ! Apporte-nous le champagne !

Alors qu’il revenait avec le seau, le champagne et les coupes, Lady Christine et Nathan nous rejoignirent. Ce dernier, dépouillé de son équipement, n’avait plus que les pinces, la cage et les anneaux lui étirant les boules. Il paraissait rajeuni et en meilleur santé.

• Merci, me chuchota-t-il en passant près de moi.

• Ouvre la bouteille, ordonna Lady Christine à son soumis.

Le geste était sûr et on sentait que c’était loin d’être sa première. Sans en renverser avec un maniement de serveur de grand restaurant, il en remplit trois coupes sans en renverser une goutte. Il les présenta aux maitresses et s’agenouilla à côté de Ben. Instinctivement, je fis pareil.

• A votre santé, lança Maitresse Diane en mettant en bouche une grosse rasade qu’elle fit tournoyer.

Elle se pencha alors vers son soumis, Ben, et lui recracha l’alcool dans la bouche ouverte que celui-ci, à genoux, lui tendait.

• Mets-toi en position, m’ordonna Ladyscar alors que je croyais l’être.

Trop content que, cette fois, nous n’ayons pas pivoté les couples, j’essayai de me corriger et me mettre dans la même position que Ben. Ladyscar y apporta quelques modifications afin que je gardasse le liquide dans la bouche sans l’avaler directement. Elle m’expliqua plus tard qu’elle craignait que je ne sentisse comme un étouffement et que je ne le crachasse.

C’étaient ces petites attentions qui me faisaient tenir à elle.

On retrouvait le goût du champagne, quelques peu altéré, atténué et déformé par la salive de ma maitresse. Comme Ben, je l’avalais ensuite. A nouveau, Nathan, plus expérimenté enchaînait plus goulument les gorgées. Peu habitué par l’alcool, je sentais que je n’étais plus moi-même et j’appréciai lorsque Ladyscar déclina la seconde bouteille.

Elles buvaient, se délectaient et c’étaient les soumis qui trinquaient des conséquences.

• Si maintenant, nous offrions à nos soumis un peu de plaisir. On tire au sort. Je propose de ne garder que les trois plus grosses. Il serait dommage que l’absence de Marguerite les prive d’un plaisir supplémentaire.

• Je voudrais garder le plus petit pour mon soumis, s’opposa subrepticement Ladyscar. Je ne l’entraine que depuis deux semaines et il est encore un peu étroit.

De quoi parlaient-elles ? Etais-je encore étroit d’esprit ? N’avais-je pas prouvé ma soumission jusqu’à présent ?

• Non ! répliqua Maitresse Diane. Nous ferons comme j’ai convenu. Il peut toujours prier pour avoir la seconde taille, répliqua-t-elle, faisant un geste à Ben. Apporte les trois plus grands ! lui confirma-t-elle.